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Les origines de l'ancien village

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TOPONYME

Salesiae, Locus de Salletis
Saleta ou Salets (1038-1252)
Sala, Salac.
Salettes.
Les Salles.
Blason Les Salles

D'après les Archives Départementales du Var, le nom de la commune "trouve son origine dans le commerce du sel qui s'y faisait jadis".
D'après François Simian ("Monographie des Salles-sur-Verdon"), l'origine du nom de la commune est incertaine : "Salle : maison rurale ayant une salle de réception. Salle : le bourg où il y avait plusieurs maisons avec une salle. Peut-être allemand Saal : chambre, château (cf. les 3 tours de ses armes). D'après Fluse, les noms des localités formées sur Sala (torrent) désignent des agglomérations bâties près d'un cours d'eau."

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Quelle est l'origine du blason des Salles ?

Nul ne le sait avec exactitude. Ce blason figure déjà dans "Armorial général de France" (1696) de Charles d'Hozier (tome 30, page 1929). Mais il est bizarrement attribué à "la communauté du lieu d'Aissalles". L'écriture phonétique "d'Aissalles" est de toute évidence une erreur de transcription, aucun lieu ne répondant à ce nom en Provence à cette époque.

Blason Les Salles


Plus bizarres sont les trois tours de ce blason, disposées de manière très dominante sur un promontoire (ci-dessus).

Ces trois tours n'ont laissé aucune trace dans la communauté.

Occupaient-elles l'emplacement de l'église du village ?

Peut-on voir, dans leur position dominante de ce blason, celle de l'église qui surplombait, du haut de "la Calade", la partie la plus ancienne du village des Salles ? (image ci-contre)

Il s'agissait, en tout cas, du seul endroit du village où existait un tel promontoire.
L'église des Salles, en haut de 'la Calade'

L'Armorial général de France, quelques pages plus loin (tome 30, page 1938), permet d'imaginer une explication au blason du village.

Alors que Les Salles portait alors le nom de Salettes, on trouve en effet un blason semblable à celui du village (trois tours), qui est le blason de... Louis Salettes, bourgmestre de Saint-Jullien d'Asse.

Louis Salettes s'est-il inspiré du blason de Salettes ?
La communauté de Salettes s'est-elle inspirée du blason de Louis Salettes ?

Blason de Louis Salettes






La vallée des Salles a vraisemblablement été occupée par des hommes préhistoriques, si on se fie aux traces retrouvées dans les grottes des Basses Gorges du Verdon, non loin du barrage actuel, entre les villages de Baudinard et Sainte-Croix.


Lors de la colonisation romaine, des voies de communication reliaient les villes romaines importantes, et parmi elles Fréjus et Riez-la-Romaine. Il semble qu'une de ces voies passait non loin de l'emplacement où se trouvait l'ancien village. Si rien ne prouve l'existence d'une implantation permanente sur ce site à cette époque, des traces de voie romaine sont encore visibles sur le territoire communal au lieu-dit "Trey". Cette voie romaine descendait quasiment en ligne droite vers ce qui est aujourd'hui le camping des Ruisses pour gagner en ligne droite le "pont romain" d'Aiguines (disparu en 1974). Le tracé de l'ancienne voie romaine sur le territoire des Salles est encore visible sur le cadastre napoléonien.

La traversée du Verdon se faisait-elle au lieu-dit "pont d'Aiguines", au lieu dit "Garruby", ou bien ailleurs ? D'après Jacques Cru ("Histoire des Gorges du Verdon jusqu'à la Révolution", page 14), « dès l'an 3 », une route « reliant la basse vallée de l'Argens (Fréjus) à Riez par Draguignan et l'ancien village des Salles traverse le Verdon à la hauteur du pont de Garruby qu'a noyé le lac de Sainte-Croix ».
Remarque : la source originale de cette information est non précisée dans cet ouvrage.
Il est permis de douter de cette information. La grande voie romaine Riez-Fréjus, qui rejoignait la via Aurelia à "Foro Voconii", dans la basse vallée de l'Argens, ne passait pas aux Salles. Elle montait par Lentier ("Anteis" sur la carte de Peutinger) et Vérignon, puis redescendait vers Bauduen jusqu'à Sorps (Fontaine L'Evêque) et franchissait le Verdon par un pont situé à l'entrée des Basses Gorges. Ce pont romain est décrit dans l'ouvrage de P. Auran, G. Barruol et J. Ursch, "D'une rive à l'autre, les ponts de Haute Provence de l'Antiquité à nos jours".


C'est au XIe siècle que remontent les premières traces écrites de l'existence d'un village, et d'une église, à l'emplacement des Salles.

Vers 1021-1044, l'église de Notre-Dame « du lieu ou de la villa nommée Aquina ou Saleta » (jusqu'à la fin du XIe siècle, les terroirs d'Aiguines et des Salles sont allègrement confondus), endommagée par un incendie, est réparée par le Frère Isnard, moine de Saint-Victor de Marseille. Le jour de sa consécration, Aldebert (le seigneur du lieu) accorde diverses terres à cette église et à Saint-Victor. En 1038, le même Aldebert cède à Saint-Victor toute la villa « qui s'appelle Aquina ou Saleta », s'étendant de la crête de Vernis au Nord-Est à la source de Garruby (Galubio) en longeant le Verdon.

(Jacques Cru, "Histoire des Gorges du Verdon jusqu'à la Révolution" page 38, précisant comme source originale le Cartulaire Saint-Victor, N° 603 et 604).

En décembre 1053, Aldebert offre à nouveau des terres et des vignes à l'église Saint-Jean d'Aiguines, l'acte précisant que celle-ci est située « dans la villa des Salles ». En 1079, la confirmation par le pape Grégoire VII des possessions de Saint-Victor stipule que le prieuré Notre-Dame et Saint-Jean d'Aiguines « s'appelle Les Salles ».

(Jacques Cru, "Histoire des Gorges du Verdon jusqu'à la Révolution" page 38, précisant comme source originale le Cartulaire Saint-Victor, N° 603, 604, 608, 609 et 843).


« Au début du XIIe siècle, la famille Moustiers possède Les Salles, elle est encore présente au milieu du XIIIe.
En 1371, l'évêque de Riez y a juridiction.
En 1380, existe un prieuré de 2 moines, dépendant de St Victor de Marseille, cette abbaye existe encore à la veille de la Révolution. »

« Au début du XIVe siècle, Les Salles comptent 200 habitants, on en compte 300 en 1765 et 460 en 1851.
 »

(d'après "Monographie des Salles-sur-Verdon", racontée par M. Simian François,
ex-instituteur à l'Ecole Communale des Salles-sur-Verdon)



Contrairement aux villages environnants, et plus spécialement à Aiguines et Moustiers, le village des Salles n'a jamais été au cours de l'Histoire un village de seigneurs, ou la demeure principale d'un personnage important ; sans doute est-ce le fait de sa situation géographique (un lieu de passage au centre d'une vaste plaine), qui en compliquait la défense au cours des périodes troublées. Ainsi peut-on noter qu'en 1471, période agitée après la fin du règne de la Reine Jeanne, alors que la population des villages des environs baisse de manière significative, le village des Salles est déclaré complètement inhabité.
Village d'agriculteurs et d'éleveurs, Les Salles possédait un "Château" qui n'était qu'une vaste demeure de passage sans fortifications ni fioritures.



Si l'origine du nom de la commune est incertaine, le choix de Sainte-Anne comme sainte patronne l'est tout autant. Les curieux peuvent cependant noter qu'au XVIIe siècle, une chapelle sur la route reliant Les Salles à Moustiers-Sainte-Marie porte déjà ce nom. Cette chapelle (peut-être un simple oratoire ?) était specifiée sur la "carte de Cassini" tout près du village, qui portait déjà le nom "Les Salles" avec la mention "ou Salettes" ; cette chapelle se trouvait probablement à l'endroit dénommé "Sainte-Catherine" sur le cadastre contemporain.

Les Salles ou Salettes





Les Sallois ont-ils une dent contre les "Napoléon" ?

Le 1er mars 1815, de retour de l'île d'Elbe, l'empereur Napoléon 1er débarque à Golfe-Juan, et monte vers Paris par la route qui s'appelle désormais "Route Napoléon" pour reprendre le pouvoir.
Le 13 mars 1815, le Conseil Municipal des Salles, réuni sous la présidence du maire Jean-Joseph Antoine Roux, proteste contre le retour de "l'ennemi du repos des nations, ce monstre toujours altéré du sang humain", déplore qu'il "ose encore reparoitre sur le sol françois"... et adresse "les sentiments les plus affectueux d'attachement et de dévouement" à la personne de Louis XVIII... Etonnant, non ?

Lorsque le futur empereur Napoléon III mit fin à la République par le coup d'état du 2 décembre 1851, les Sallois se mobilisent sous la direction de Paulin Guichard, pour défendre l'idéal républicain et la démocratie ; ils étaient pacifiques et non armés pour la plupart. Ils furent vaincus à la bataille d'Aups le 10 décembre 1851, et payèrent leur engagement d'un exil, d'une déportation ou de leur vie.
« La pyramide des âges de 1872 montre une population relativement jeune (...). On remarque le creux de la tranche des 40 à 45 ans qui s'explique par la participation effective des Sallois à la révolte contre le coup d'Etat de Napoléon III du 2 décembre 1851. Les troupes napoléoniennes écrasèrent les assiégés à la bataile d'Aups le 10 décembre 1851. Cette révolte fut réprimée de manière effroyable : déportation, emprisonnement... »
("Il était une fois un village..." d'Arinna Latz, page 32)





D'après Gabriel-Henri Blanc, qui s'est penché sur l'Histoire des villages du Var, les Sallois ("lei Salen" en provençal) auraient été affublés il y a fort longtemps du sobriquet de "mange-escargots" ("lei manjo-platello").
("Provence, promenade dans le Var... les truffes" de Gabriel-Henri Blanc)

Plus tard, les Sallois ont été surnommés "lei neblats" ("les embrumés") à cause du brouillard qui occupait parfois le fond de la vallée autour du Verdon.

La vallée des Salles dans le brouillard
Par un matin de brouillard mémorable, la vallée des Salles vue de Sainte-Croix en 1972.





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