Février 1974. Le village n'est plus qu'un ensemble informe où il est difficile
de reconnaître l'ancien village familier.
Le lac est au pied du village. L'eau monte inexorablement.
L'adjoint au maire, M. Signoret, qui n'a plus chez lui ni eau ni électricité,
s'apercevra un matin que le rez-de-chaussée de sa maison a été envahi
par les eaux durant la nuit. Equipé de cuissardes et muni d'une barque,
il déménagera avec l'aide de Robert Ribaud le niveau le plus bas de sa maison. |
Le premier octobre 1973, un
"commandement de déguerpir"
avait été transmis par huissier, à la requête d'EDF, aux derniers habitants des Salles-sur-Verdon.
Cependant, cinq mois plus tard, trois d'entre eux occupent toujours leurs maisons. |
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Amédée Richard, route de Moustiers. Au fond, les collines de Sainte-Croix
se reflètent déjà dans le lac. "Je ne partirai pas !" |
Germaine Richard armée d'un balai, s'efforçant de maintenir propre...
au milieu des tonnes de décombres de ce qui était la place du village. |
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Rosé-Marc Signoret, adjoint au maire des Salles.
Le lac est encore à quelques mètres de sa maison. "J'ai décidé de ne pas partir". |
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UNE RESISTANCE INUTILE La résistance des derniers habitants du village, à laquelle certains ne voyaient d'autre issue que la violence, n'était en fait qu'une image, triste certes, car c'était celle d'une poignée d'hommes attachés à une terre natale qu'ils ne voulaient abandonner à aucun prix. Des hommes qui, finalement, ont toujours refusé de croire à l'immersion de leur village. Leurs terres inondées, ils espéraient encore quelque miracle qui viendrait stopper la progression des eaux. Niant une réalité plus pressante de jour en jour, ils tenaient ferme, se cramponnaient à leurs murs. Le temps où les commandants de navire se sacrifiaient avec leurs bâtiments n'est plus, il n'était pas utile de le remettre au goût du jour dans les vieux murs de Haute-Provence. "NOUS NE SOMMES PAS DES BRUTES"
Les gendarmes qui ont procédé hier matin à l'expulsion de M. Signoret et
du couple Richard - lui était de ces hommes qui mettent facilement la main
au fusil - connaissaient parfaitement la situation. L'ordre d'évacuation
du village devait être respecté, ils étaient là pour cela, mais il fallait
avant tout qu'il le soit sans heurt, sans violence inutile. |
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(NB : ce qui précède n'est pas la reproduction exacte de l'article de
François Caraveo dans "Var-Matin République" du 02/03/1974, mais une reconstitution
de cet article à partir du texte original) |